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SECTES DU CHRISTIANISME
Sectes du Christianisme un traité qui examineroit et qui montreroit par des raisons solides laquelle de toutes les sectes du Christianisme est la plus sûre pour le salut et la plus pure dans la foi, seroit, ce me semble, un fort bon ouvrage, et un supplément nécessaire au traité de l'Abadie sur la religion; mais cela me paroît fort difficile à exécuter. L'on trouve dans tous les partis des choses si contraires aux maximes de l'Evangile, qu'on ne peut tout-à-fait se déterminer par la raison à suivre l'un plutôt que l'autre. La naissance, la prévention et l'éducation sont pour l'ordinaire des véritables motifs qui nous engagent, et qui nous retiennent dans celui que nous suivons. Une personne qui, par le hasard de sa naissance ou par la liberté de son esprit, n'en auroit encore embrassé aucun, me paroîtroit fort embarrassée dans le choix; je crois même qu'elle feroit, comme dit le proverbe, bande à-part, qu'elle auroit son système particulier; et que vivant au milieu des chrétiens du présent, comme les premiers chrétiens vivoient autrefois au milieu des payens, elle observeroit toutes les lois civiles, les pratiques et les cérémonies extérieures que ne seroient point absolument opposées à son système; et ne laisseroit pourtant pas d'avoir une foi et des idées fort différentes des leurs. De sorte qu'elle en reviendroit à-peu-près au système qui croit, non pas que toutes ces sociétés sont la véritable Eglise, mais qu'un membre de la vraie Eglise peut se trouver et vivre dans toutes les sociétés; c'est-à-dire, que pour bien adorer Diue, il ne faut être ni à Jérusalem ni à Garisim. Qu'on peut être bon chrétien dans la communion greque, romaine, anglicane, luthérienne et protestante; pourvu qu'on croie simplement tout ce que J.C. a dit, sans admettre les interpétations forcées, imaginaires, et souvent ridicules que les hommes donnent à ses paroles; que l'on regle ses actions et toute sa conduite par les préceptes moraux qu'il nous a laissés dans les écrits de ses apôtres; et qu'on ne participe point à la croyance ou aux pratiques opposées à la pureté de l'Evangile qui pourroient être autorisées dans quelques sociétés.
A l'égard des points controversés sur lesquels l'Ecriture ne nous instruit pas, ou du moins ne s'explique pas clairement, on peut suivre sans conséquence pour le salut, ce qui est communément cru dans la société où l'on vit. Mais il faut prendre garde à ne pas rompre pour cela l'unité ni la paix; et encore plus à ne point persécuter ceux qui seroient d'un sentiment différent. Car il n'y a point de plus fortes preuves qu'une société n'est pas celle qui compose l'Eglise de J.C. que la cruauté et la persécution. C'est-là le caractere des Nérons et des Domitiens, et non celui des chrétiens. Je vivrois peut-être bien dans une société qui auroit ce défaut, sans y prendre part, si j'y étois né et attaché par des liens difficiles à rompre; mais si je n'en étois pas, je ne m'y mettrois jamais. Je ne vois rien de plus opposé à l'esprit de J.C. que ce caractere cruel et emporté. C'est se mettre à la place de Dieu même, et vouloir faire par la force et par la contrainte ce qu'il s'est réservé de faire par les douces impulsions de la grace, et par les lumieres insinuantes de l'esprit divin. Quand même on auroit la bonne cause de son côté, il n'est pas permis d'user de violence pour la faire triompher; parce qu'elle le défend elle-même sous peine de prévarication, et qu'elle est jalouse de triompher par ses propres forces. Et pour dire franchement ce que je pense, je ne mettrois pas une grande différence entre un empereur payen qui persécuteroit les chrétiens, et un empereur chrétien qui mettroit les mauvait traitemens et le glave en usage pour tourmenter les payens. On auroit beau dire qu'on n'en use ainsi que pour les convertir, et non pour les persécuter; je croirois toujours, à moins que la foi et la raison ne m'abadonnassent, et que l'esprit de sathan ne s'emparât de moi; je croirois, dis-je, que la conversion est un changement du coeur, que la grace, les instructions et le bon exemple doivent opérer, et non pas une confession ou plutôt un mensonge, que la douleur et les souffrances arrachent de la bouche d'un malheureux qui craint ou pour ses biens, ou pour sa vie. Quelle tyrannie de vouloir conduire les consciences à coups de fouet! et peut-on penser que la doctrine qu'on oblige d'embrasser par les tourmens et la crainte du glaive, vienne de celui qui ordonne à Pierre de remettre l'épée dans le fourreau, et qui dit de lui qu'il est si doux qu'il ne sauroit éteindre un lumignon fumant?